O le plus violent Paradis de la grimace enragee! Pas de comparaison avec vos Fakirs et les autres bouffonneries sceniques. Dans des costumes improvises avec le gout du mauvais reve ils jouent des complaintes, des tragedies de malandrins et de demi-dieux spirituels comme l'histoire ou les religions ne l'ont jamais ete. Chinois, Hottentots, bohemiens, niais, hyimes, Molochs, vieilles demences, demons sinistres, ils melent les tours populaires, maternels,
avec les poses et les tendresses bestiales. Ils interpreteraient des pieces nouvelles et des chansons 'bonnes filles'. Maitres jongleurs, ils transforment le lieu et les personnes, et usent de la comedie magnetique. Les yeux flambent, le sang chante) les os s'elargissent, les larmes et des filets rouges ruissellent. Leur raillerie ou leur terreur dure une minute, ou des mois entiers.
J'ai seul la clef de cette parade sauvage.
-Rimbaud, 'Parade' ('Side Show'), Illuminations